G ênes, le 22 mars 2004
La science doit être publique
L'événement qui commence aujourd'hui est unique. C'est la première fois que la Commission organise une rencontre entre des mondes qui n'ont pas l'occasion de dialogue ni de se rencontrer souvent: des scientifiques, des personnalités du monde des arts et des sciences humaines et des représentants de ce qu'on appelle le " grand public ".
Je remercie ici le Groupe européen des sciences de la vie pour le travail accompli au cours de ces dernières années. Au-delà de ses conseils utiles, le groupe a promu une " culture de la responsabilité " en organisant plusieurs événements de dialogue entre scientifiques et le public.
Le but de l'événement qui débute aujourd'hui est d'avoir un débat public sur le rôle et l'impact des sciences de la vie et des biotechnologies sur la société et la dimension la plus humaine de celle-ci: la culture.
Pour soutenir cet événement et prolonger le débat au sein du public et de la presse, je suis heureux d'annoncer officiellement aujourd'hui la parution du livre, publié simultanément par trois éditeurs européens en français, anglais et italien. Je souligne en particulier l'excellent travail réalisé par les éditions De Boeck Université, qui ont coordonné la publication de ces ouvrages.
Ce bel ouvrage, qui tient dans la poche, rassemble les messages qu'exposent au public quatorze des participants dans les 4 thèmes de la conférence:
- Les sciences de la vie et la foi dans le progrès
- Défi des limites du réductionnisme dans la recherche en sciences de la vie
- Sciences de la vie et démocratie
- Science-fiction: les retombées culturelles des sciences de la vie.
Les sciences de la vie bouleversent les champs du savoir et du pouvoir. Elles mettent dans les mains de l'homme des procédés qui empruntent à la nature une étonnante précision et une … redoutable efficacité. Mais, en même temps, la domestication des mécanismes intimes de la vie met nos principes et nos valeurs à l'épreuve de la performance et, ne le nions pas, de nos phantasmes.
Dans ce contexte, j'attache une très grande importance aux débats de société portant sur l'incidence grandissante des sciences du vivant et des innovations biotechnologiques mais également sur le potentiel considérable que ces développements recèlent en termes de connaissances scientifiques, de progrès médicaux, d'avancées pharmaceutiques et, également, de croissance économique.
La science et la culture
Cet événement contribuera, à sa mesure, à un mouvement général et nécessaire, qui vise à réintégrer la science dans la culture place qu'elle n'aurait jamais dû perdre. A l'heure où l'on voit surtout la science comme source de techniques, il est indispensable de prendre toute la mesure de sa contribution au savoir, à la connaissance et à leur forme la plus noble: la culture.
Cet événement nous permettra de réfléchir à des questions importantes et de donner du " sens " ou plusieurs " sens " à nos démarches, qu'elles soient scientifiques ou artistiques:
- Quelle est donc la place des sciences de la vie dans nos cultures européennes aujourd'hui?
- Comment contrôler le progrès scientifique et technique et assurer que les citoyens européens s'approprient les bénéfices des avancées de la recherche?
- Comment la culture interagit avec la science et influence celle-ci?
- Inversement, quel est l'impact de ces avancées dans la culture?
Réintégrer les sciences sociales et humaines dans la science
Mais l'exercice n'est pas qu'académique. Je constate que, dans nos pays, les milieux politiques prennent conscience:
- de l'importance, dans nos sociétés, de la recherche sous toutes ses formes (privée, publique, fondamentale, etc);
de l'importance de la multi-disciplinarité et aussi de la nécessaire complémentarité des sciences exactes et des sciences humaines. Ainsi, au cours des récentes discussions sur une nouvelle initiative de financement de la recherche fondamentale au niveau européen, plusieurs ministres ont insisté sur la nécessaire prise en compte des sciences sociales et humaines.
Pour terminer, j'insisterai sur l'importance de la culture scientifique. Et par culture scientifique, j'entends plus que la simple connaissance: le débat, les interactions, les échanges voire les critiques!
La science a été un moteur du développement européen. Elle l'est toujours. Elle est aussi au cœur de l'intégration européenne (voir le développement des institutions européennes en étroite relation avec Euratom, CECA, élargissement actuel). Promouvoir la culture scientifique participe donc au développement de la citoyenneté européenne.
C'est aussi important pour la gouvernance des sciences. Il importe que le public soit bien informé et participe, en connaissance de cause, aux débats. Promouvoir la culture scientifique fait partie d'une bonne " hygiène démocratique ". C'est indispensable pour permettre au public de comprendre et d'orienter le " progrès ".
Tous ces aspects (culture - citoyenneté gouvernance) sont en réalité intimement liés: Il n'est pas de bonne gouvernance possible sans responsabilité citoyenne. Mais peut-on imaginer une citoyenneté sans acquis culturels?
Pour ces raisons, je souhaite que ce type d'initiative se reproduise dans d'autres secteurs scientifiques et techniques en rapide développement, comme par exemple les nanotechnologies ou les technologies de l'information.
En espérant que vous partagerez notre enthousiasme, je vous souhaite une bonne conférence et vous remercie, Mesdames et Messieurs, de votre attention.
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