Philippe Busquin: "La coopération scientifique de l'Union européenne avec les Balkans comme facteur de stabilité", Conférence Ministérielle sur la coopération scientifique et technologique de l'Union

June 30, 2003

Brussels, Juin 2003

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, Mesdames, Messieurs,

C'est un très grand plaisir, pour moi, d'ouvrir cette Conférence Ministérielle.

Avant tout, je voudrais remercier et féliciter la Présidence grecque d'avoir pris l'initiative d'organiser cette rencontre.

Celle-ci constitue une première, qui devrait marquer un moment important dans l'histoire de la politique de recherche en Europe.

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C'est en effet la première fois que se trouvent réunis à ce niveau de responsabilité, dans le domaine de la recherche, les pays de l'Union, les pays adhérents et ceux de l'ensemble des Balkans.

Cette rencontre s'inscrit dans le cadre d'un processus récemment lancé, qui lui confère son sens: le renforcement des liens et de la coopération de l'Union européenne avec les pays de la région des Balkans.

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Il y a une semaine, ce processus a connu un moment fort, avec la tenue du Sommet Union européenne/ Balkans occidentaux ainsi que la réaffirmation, par le Conseil européen, de sa résolution à soutenir les pays des Balkans dans leurs efforts pour se rapprocher de l'Union.

Le Conseil européen a notamment approuvé les conclusions adoptées par le Conseil le 16 juin sur la base d'une Communication de la Commission sur ce thème.

Dans ces deux textes, référence explicite est faite à la recherche comme un des domaines où ce processus doit être conduit.

L'attention accordée à la recherche se justifie bien sûr par l'importance du rôle qu'elle joue sur plusieurs plans: économique, politique, de développement régional, etc

L'importance de la rencontre d'aujourd'hui tient aux effets qu'on peut attendre du mouvement qu'elle lance dans tous ces domaines, à la coopération renforcée dont elle donne le signal.

En même temps, la portée de cet événement est de nature symbolique, en ce qu'il met exemplairement en lumière:

Le rôle de la science comme facteur de stabilité;

La nature et les caractéristiques du projet d'Espace européen de la recherche;

La dimension régionale de la coopération scientifique en Europe.

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C'est sur ces trois points que je voudrais vous présenter quelques réflexions ce matin.

Le rôle de la science comme facteur de stabilité

Le renforcement de la coopération de l'Union européenne avec les Balkans est placé sous le signe de la stabilisation.

Au cours de la dernière décennie, cette région de l'Europe, depuis toujours instable, a été secouée par une série de troubles graves et de développements tragiques.

Une volonté s'exprime aujourd'hui se stabiliser et de reconstruire la région, volonté encouragée et soutenue par l'Union par toute une série d'instruments diplomatiques et financiers.

Je crois que la science, la recherche et la collaboration scientifique ont ici clairement une contribution à apporter.

D'elles, il ne faut certes pas attendre des miracles. On le sait en effet: si la science et la recherche peuvent contribuer à la prospérité économique, à la paix et la stabilité, pour se développer, elles ont elles-mêmes besoin d'un minimum de prospérité et de stabilité.

Mais ce conditionnement réciproque peut se transformer en une dynamique positive, un cercle vertueux où chaque pas sur un plan permet de progresser sur l'autre.

C'est cette dynamique que nous devons chercher à mettre en place dans les Balkans, et c'est elle que cette Conférence est en train de lancer.

C'est en tous cas mon espoir et mon vœu. Un espoir dont je suis sûr que vous les partager, et un vœu dont je ne doute pas qu'il est le vôtre également.

Le projet d'Espace européen de la recherche

La deuxième réalité qu'illustre la Conférence d'aujourd'hui, c'est le projet d'Espace européen de la recherche.

Ce projet a vu le jour au Conseil européen de Lisbonne de mars 2000. Son lancement a constitué le plus important développement en matière de politique de la recherche en Europe depuis l'adoption du premier Programme-Cadre communautaire de recherche, au début des années 80.

L'Espace européen de la recherche est davantage que la coopération internationale à l'échelle européenne, et autre chose qu'un nouveau nom pour le Programme-Cadre.

L'idée qui le sous-tend est que, pour renforcer la qualité et l'impact de la recherche en Europe, il est nécessaire:

De créer un espace pour une vraie circulation des chercheurs, des connaissances et des technologies en Europe;

D'améliorer la cohérence des activités et des politiques nationales de recherche.

Nécessaire, mais non suffisant: mieux organiser les efforts de recherche européens est indispensable, mais il faut d'abord et avant tout les renforcer.

Raison pour laquelle au Conseil européen de Barcelone de mars 2002, l'Union s'est fixé pour objectif d'augmenter ses efforts de recherche jusqu'à 3% de son PIB d'ici 2010.

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Le point sur lequel je voudrais attirer l'attention est le suivant: le projet d'Espace européen de la recherche est à l'image du projet européen dans son ensemble.

Au cœur de sa mise en œuvre apparaissent les pays de l'Union, à même d'intégrer assez étroitement leurs politiques de recherche, y compris en prenant les mesures nécessaires en termes législatifs, grâce au cadre juridique que leur offre pour cela le Traité.

Mais les pays adhérents sont déjà pleinement parties prenantes à ce processus, qui implique par ailleurs tous les autres pays européens, associés au projet d'Espace européen et même souvent au Programme-Cadre.

La situation en matière de recherche et de politique de recherche dans les Balkans illustre bien cette dynamique. Etat membres, pays adhérents ou autre pays européen: s'ils le font dans des conditions différentes, tous sont impliqués dans le projet.

Et qu'ils y soient formellement associés ou non, leurs universités et leurs entreprises peuvent toutes participer au Programme-Cadre.

Au cours des dernières années, ces possibilités se sont déjà concrétisées.

Avec le soutien du 5ème Programme-Cadre de recherche, une série de projets ont été lancés sur des thèmes comme l'eau, la protection de l'environnement et la santé, associant des organisations des pays des Balkans et des Etats membres de l'Union.

Dans le 6ème Programme-Cadre, un projet de mise en réseaux des structures locales de diffusion de l'information devrait prochainement démarrer.

Il devrait avoir pour effet de renforcer encore la participation des universités, centres de recherche et entreprises des Balkans aux programmes européens.

La dimension régionale

Ces remarques me mènent à mon troisième et dernier point, la dimension régionale de la coopération scientifique en Europe.

La science est universelle dans ses méthodes et la recherche presque par définition internationale dans ses conditions d'exécution.

Il existe toutefois incontestablement une dimension régionale de la recherche.

La collaboration et la compétition avec les meilleurs chercheurs d'autres pays européens et du monde constituent une condition de l'excellence.

Une forme privilégiée de coopération scientifique est cependant celle qui s'établit entre pays voisins.

Du fait de leur proximité géographique et de leurs liens historiques et économiques; parce qu'ils partagent pour cette raison un certain nombre de problèmes communs; et à cause du rôle joué par la proximité physique dans le processus de l'innovation.

Et ce sont souvent les recherches liées à leurs problèmes communs que ces pays gagnent à effectuer ensemble, sans exclure bien sûr des partenaires d'autres régions.

L'Union européenne encourage et soutient en conséquence les coopérations régionales en matière de recherche: dans les régions de l'Union, les régions européennes, et les régions aux marges de l'Europe, qui assurent le lien avec d'autres parties du monde.

La Méditerranée et la Mer baltique sont deux régions ou s'applique cette approche, et les Balkans sont naturellement appelés à en constituer une autre.

Conclusion

En commençant, je vous disais que les mérites de l'initiative lancée par cette Conférence tenaient à la fois à ses suites concrètes attendues et à son caractère exemplaire.

Ni ces suites concrètes ni ce caractère exemplaire ne se matérialiseront spontanément.

Pour aider à leur donner réalité, tous les parties prenantes, les pays concernés et la Commission, ont préparé ensemble les deux documents dont nos hauts fonctionnaires et nos experts ont discuté hier.

Le document d'encadrement politique intitulé "Shared vision", dessine les grands axes de la coopération scientifique de l'Union européenne et des pays des Balkans.

Et le Plan d'action détermine les conditions pratiques dans lesquelles cette coopération sera mise en œuvre, et les mécanismes sur lesquels elle pourra s'appuyer.

Je ne voudrais pas conclure cette intervention sans remercier tous ceux qui ont œuvré à leur mise au point.

Les conditions sont donc réunies pour faire de l'initiative lancée aujourd'hui une réussite.

Mais ne nous le dissimulons pas. Pour concrétiser les intentions exprimées aujourd'hui et faire un pas supplémentaire en avant, beaucoup d'efforts et d'opiniâtreté, mais aussi d'imagination et d'ingéniosité seront nécessaires.

La Commission est déterminée à tout mettre en œuvre pour faire en sorte que cette action se révèle un succès.

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Le succès de la coopération scientifique de l'Union et pays des Balkans sera d'abord et avant tout le fruit de votre volonté.

DN: SPEECH/03/331 Date: /06/2003

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